31 janvier 2021

Amour à Mort

Son ciel dévorant - Nerf de bœuf
Sur l'onde - Cartouche, obus, mort aux rats
Glisse - Moule à gaufre, louche
Autant de braise - Chandelier, mortaise.

Son chandail - Cyanure, pistolet à grenaille
Entrouvert - Cendrier, corde, crémaillère
Laisse dépasser un sein - couteau à pain
Elle treize - vieux bout de bois, clefs anglaises.

Eldorado d'or - Acier à canon
Son cher trésor - Fil à beurre, pelle à tarte
L'inonde de fleurs - Sabre, baïonnette
Nue, elle s'innocente - Père Lachaise.

F. (Le vertige des mots 45/54)

Les Forges

Brûle son corps tonne le ciel...
Tressautent les gorges bourdonne le miel...

Ondoient les courroies ondulent les croix
Foudroient les forges rougeoient les gorges
Tournoient les doigts poudroient les poids
Clic-tic ! Clic-tac !

Tressaute son corps fredonne le ciel...
Tonnent les gorges brûle le miel...

Turbinent les enzimes triment les divines
Hurlent les merlus merlent les berlus
Friment les dodues griment les poilus
Clic-tic ! Clic-tac !

Tonne son corps brûle le ciel...
Glissent les gorges tressaute le miel...

Serinent les mâtines martèlent les serins
Bourgeonnent les narines bougonnent les marins
Valsent les babines salvent les salives
Clic-tic ! Clic-tac !

F. ( Le vertige des mots 43/54)

Les Voyages

Avec toi ou sans toit glisse le cœur d'Alice
Sa bouche bande des ballons bleus à Vienne
Crache des carats, mortes bises à Ankara
S'accroche à tondre, se concorde à Londres
Se pique d'une corde à Islamabad
Se dévisse de coke à Stockholm
Vend du vent, vit ou cent pas à Erevan
Se forge sans doser, se dédit à san-José
S'étend, s'endive braisée à Etretat
S'envenime de jalousie, dérive à Nicosie
Se gorge d'orge, se grignote à Tirana
Se déhanche, s'hameçonne, home sweet Rome
S'électrise de gènes, de scènes à Athènes
Plie en haut, ôte le bas à New-Delhi
Se kamikaze tout de go à Santiago
Roule et jazze à Istambul
Tripote son tique, chipote son toc à Tripoli
Avec toi ou sans toit, Alice glisse dans l'alcool.

F. ( Le vertige des mots 42/54)

Hikikomori

Instant I.
Le ciel par des nuages nourds tressaillait.
La température lentement chutait.
La nuit, des orages éclataient.
La pluie sur les toits crépitait.
Le futon dans un coin se déroulait.
La couette l'emmitouflait.
Le chaton à son corps se lovait.

Instant II.
La brume de la terre s'évaporait.
De fines gouttes au bout des feuilles perlaient.
La maison dans les bois naufrageait.
La rivière entre les rochers cascadait.
Les lumières de la nuit une à une s'éteignait.
Deux oiseaux sur une branche s'ébattaient.
Par un carreau brisé le chaton s'aventurait.

F. (Le vertige des mots 51/54)

Sans Foi

Que tout le monde m'abandonne
Que je ne sois plus personne
Et qu'on médise de moi
Qu'on oublie jusqu'à mon nom
Que je n'aie plus que des "non"
Et la sécheresse de cœur froid.

Cent fois
C'est à toi
Que je reviendrais...

Que je baisse dans les sondages
Que je coule dans les suffrages
Et que mes choix soient contre moi
Que mon nom soit honni
Que ma côte soit bannie
Et que mon passé soit une croix.

Cent fois
C'est à toi
Que je reviendrais...

Que mes chairs se ramollisent
Que je sois bon pour l'hospice
Et que vienne l'heure de mon trépas
Que mes passions m'emprisonnent
Que mes larmes m'empoisonnent
Et que le ciel descende sur moi.

Une dernière fois
C'est à toi
Que je reviendrais
Toi qui garde ma liberté.

F. 

Requiem

Quand l'encre de ma plume sera sèche
Et mon cœur vide
Quand ma flamme ne sera plus que mèche
Et mes mots arides.

Quand mon présent se conjuguera au passé
Sans plus d'heure
Sauras-tu encore me caresser
De tes yeux rieurs ?

Quand j'aurais oublié jusqu'à mon nom
Sans plus aucun souvenir
Sauras-tu encore donner à mon front
Un doux baiser d'avenir ?

F. (Le vertige des mots 53/54).

Éloge

(Ah cher poète
Après ta mort
Nous t'aimerons
Et nous ferons ton éloge !)

Tu étais digne des plus grands
Parti trop tôt
Tu éclairais notre présent
Avec tes mots.

Ah ! Que ferons-nous ?
Tu manques à nos lèvres
Comme le chou
Manque à la chèvre !

Non, bien sûr, tu n'es pas mort
C'est ton chant qui danse
Et agite les corps
Des écoliers de France !

F.  ( le vertige des mots 54/54).

Les Caprices

Il est son pouet-pouet
Son heure de fête
Son french cancan
Son over dose
Son alcool de rose.

Trois petits coups et puis s'en va !

Il est son jouet d'Oz
Son quart d'heure de pause
Son french cancan
Son antidote
Son rail de coke.

Trois petits tours et puis s'en va !

F. (Le vertige des mots 44/54)

Horodata point

L'heure du premier souffle
L'heure du premier repas
L'heure du premier mot
L'heure du premier pas
L'heure du premier baiser
L'heure du premier amour
L'heure du dernier baiser
L'heure du dernier pas
L'heure du dernier mot
L'heure du dernier repas
L'heure du dernier souffle.

F. (Le vertige des mots 46/54)

30 janvier 2021

Les Errements

Un trait
Des points, des traits
Un carré
Des arcs, des ogives qui enjambent
Du bleu, des verts ondoyants
Des lignes croisées, parallèles;

Une tache
Des taches de couleur
En aval
Une ombre qui glisse
Par-dessous des dessus
Un éclat;

Une forme accroupie
Un silence qui se replit
Un courant
Des courants qui s'évident
Un battement vient effacer l'instant
D'un trait.

F. (Le vertige des mots 41/54)

Le Cœur

Le cœur d'Alice s'étiole
Faramineux et éléphantesque
Goûte aux pharaoniques éclipses
Par mal outre-cuisse;

L'hurlu-berlu désarticule son isthme
Jonquille plus noir que bille
Éclabousse l'aube des neigeux papillons
L'océan;

Échevelée
D'éternelles cimes
Croule sous l'avalanche
L'ogre;

Fond et s'unie
À l'ombre des effondrements
Tentaculesques
La gargouille;

Enfin c'est lui
Qui par un jet méticuleux
Met fin aux représailles
La débandade !

F. (Le vertige des mots 39/54)

Les Fugues

En attendant que le ciel croule
Abordage d'héliotrope, mirage d'élection
L'araignée tisse sa toile
Deux l'un à l'autre et tutti quanti
La comédie délivre;

Dans l'eau du lac se mirent les hymnes
Des monts aux nuageuses clartés
Parmi les rochers, les poissons moqueurs
Hullulent sans imparfait;

C'est nue qu'elle nage aux sillages indolores
Là-bas le monde peut bien crever
Au-delà de l'instant, il n'y a ni saint ni sauf
La perfection d'un sein;

Son corps se raidit, la voile se tend
Tout est dans sa main, l'étoile se penche
La sauterelle d'argent vol-plane
Le petit lapin s'étonne
Et l'araignée attaque son festin !

F. (Le vertige des mots 40/54)

Les Fibres

Lorsqu'assise, elle reste sage
Au bord de ses hécatombes
Elle brûle les revers de son chandail
En tube cathodique et sans calcul
Au loin file des orient-express
Chevaleresques et pompeux;

Pipote les cathédrale à arc-broutant
Double-six, trèfle à beurre
Mais disant, corps disant
L'ouragan n'en finit pas de mordre
De crachoter ses chairs
Ses sangs caramélisés;

Suspendu aux timbres, aux fibres d'Alice
Vainqueur par tohu-bohu
D'alluvion et ritournelle
Cependant
Que le ciel impassible
Vomit jaune !

F. (Le vertige des mots 38/54)

28 janvier 2021

La Cité historique

Dans la cité papale à la pleine démesure
Sous ses frontons fossiles des statues, des dragons
Avachis telles les malles des touristes à wagon
Traversent la ville que des hauts murs ceinturent.

Une croix au piètre laquais que quatre anges veillent
Des lions d'ors, des cierges, des raisins d'abondance
Trônent sur le palais qui régnait sur la France
Et au-dessus une vierge qui se dore au soleil.

Sur son pont célèbre, on entonne un chant
C'est Golgotha, c'est Rome descendu en Province
Entre la sainteté du zèbre et la comédie du Prince.

La foi s'achète en somme, en euros trébuchants
Et parmi ce chaos de pantins, d'acrobates
Sur le pavé, un haillon traîne la patte.

F. (Le vertige des mots 33/54)

27 janvier 2021

Flambeaux

Qui sommes nous ?
Des flammèches, des anges
Issus d'un monde étrange
Nous brûlons par nos mystères.

Où allons nous ?
Notre horizon est fait d'errement
Chacun de nos pas apporte
Ses joies et ses effondrements.

Malgré tout
Gardons vivante la flamme
L'espoir d'un nouveau départ
Au fond de nos cœurs assoupis.

F. ( Le vertige des mots 35/54)

Remember

Nos souvenirs deviennent
Ce que  nous en retenons
Des regrets qui surviennent
Ou des bontés sans nom.

Nos souvenirs sont des flammes
Qui réchauffent nos cœurs
Ou sont pour nos âmes
Des fêlures qui pleurent.

Chaque jour de nouveaux souvenirs
Viennent se graver
Qui nous feront sourire
Ou bien saigner.

F. ( Le vertige des mots 34/54)

26 janvier 2021

Ivresse

Du siècle dernier, les miroirs de l'estaminet
Ont des reflets d'or où nos silhouettes se voilent
À la barre du zinc, le patron un jeune minet
Nous sert et l'on trinque à la santé des étoiles.

Il porte le sourire des braves hommes
Qui s'engraissent sur nos soifs
Tandis qu'il empile de belle somme
Gaiement nos auréoles se décoiffent.

Lorsque frileuse la nuit se rallume
D'écopés cul-sec au comptoir
C'est à grand coup d'écume
Qu'il nous envoie tituber sur le trottoir.

F. (Le vertige des mots 32/54)

Addiction

Le poète derrière sa page
L'a troublé un soir d'orage...
Et depuis, elle dévore ses livres.
Ses doigts tremblent à ses lignes
Ses yeux s'illuminent à ses signes
Sans lui, elle ne veut plus vivre.

Le poète derrière sa page
L'a mordu par ses ouvrages...
Et depuis, elle ne tourne plus rond.
Sa bouche ordonne "Mords"
Son ventre exulte " Encore"
Sans lui, elle fond.

Le poète derrière sa page
L'a retenu en otage...
Et depuis, elle reste dans sa chambre.
Elle dépense son temps à lire
Elle perd la raison, elle chavire
À éteindre le feu qui couve sous la cendre.

F. (Le vertige des mots 31/54)

25 janvier 2021

Les poètes de quat'sous

Derrière vos mots, poètes
Il y a des prairies, des vallons
Où dansent de légers papillons
Des éclats aux reflets de fêtes.

Donnez-nous encore vos voix
Fredonnez votre douce musique
Offrez-nous vos mots magiques
Qui éveillent en nous la joie.

Laissez vos mains dans les nôtres
Et vos rêves qui nous emportent
Ouvrez-nous les blanches portes
D'un monde de paix sans apôtre.

F. (Le vertige des mots 29/54)

21 janvier 2021

La Naufragée

Quel temps de peine !
D'espoir et d'amertume
Confondue dans l'écume
L'océan l'entraîne.

Quelle heure impossible !
Où sa coque de verre
Par une vague terrible
Pleure et se désespère.

Quel instant insondable !
Où sur le récif
Saigne le frêle esquif
Échouée sur le sable.

Quel doux présage !
Lorsqu'une main
Découvre sur le rivage
Cette bouteille au parchemin.

F. (Le vertige des mots 28/54)

Légende

Homme à l'horizon poussin
Traîne à lui sa barque
Libéré de sa marque.

De sa tante au cousin
De son père à la messe
L'œuf s'est brisé comme liesse.

Fils de l'homme marche en roi
Ô la divine recette
Miracle de l'omelette.

Voici le choix, voilà la croix
La terre est ta promise
L'aube blanchira ta chemise.

F.  (Le vertige des mots 27/54)

L'insoumise

Oublierai-je jamais - Ne serait-ce qu'
Un jour, tes cheveux voilant ton visage ?
Entre chien et loup - Nos
Silences parlaient pour nous !
Ta pudeur t'enveloppait d'
Un désir secret.

Oublierai-je jamais - Ne serait- ce qu'
Une nuit, tes yeux fixés sur moi ?
Entre toi et moi - Nos
Silences étaient de longs émois !
Ta nudité t'habillait d'
Une passion muette.

Oublierai-je jamais - Ne serait ce qu'
Une heure, tes lèvres entrouvertes ?
Entre nous - Nos
Silences étaient des aveux. J'entends encore
Ton souffle me reclamait :
Une photo ! Prends moi en photo !

F. ( Le vertige des mots 24/54)

20 janvier 2021

La joie du silence

Nous  en avons plein les armoires
Plein les caves et les toits
De nos désirs de conquête
Nous en avons des aspirations
Et des rêves plein la tête.

Et puis, un matin pareil aux autres
Nous découvrons ces mots
Ces mots inconnus
Et qui pourtant se mettent à battre
À battre dans notre cœur.

Alors, nous si brûlants de voyage
Assis derrière nos fenêtres
Qui nous protègent du monde
Nous faisons taire cette petite flamme
Et tout ce qu'elle anime.

Mais, ces mots qui sont venus s'échouer
Sur les rivages de nos cœurs
Et que nous avons repoussé au loin
Un jour, ces mots seront tout
Tout ce qui nous manquera.

F. 

Flammèche

Il y a des averses qui lavent
Et essorent nos cœurs
Des hivers qui savent
Assècher nos ardeurs.

Il y a des miroirs qui reflètent
Nos pâles corps sans attrait
Des masques sans tête
Qui exposent nos portraits.

Or nous découvrons cette flamme
Qui nous attend dans son nid
Derrière ces années de blâme
Prête à désordonner nos vies.

Ne la laissons pas s'éteindre.

F. ( Le vertige des mots 25/54)

L'échappée belle

Son corps est un rivage
Ballotté par les flots
Elle rêve d'équipage
D'embarquer sur un vaisseau.

Sa vie est un voyage
Emportée au galop
Elle rêve d'un village
De suivre les troupeaux.

Le ciel est un horizon
Là-haut, hors des âges
Elle rêve de sa maison
De planer parmi les nuages.

F. (Le vertige des mots 23/54)


Le temps cerise

Archer, rouler
Et voir nos creux qui s'éveillent
Descendre et doucement s'ouvrir
À la vague, au parfum cannelle
S'ourler, se laisser convertir.

Fondre, brûler
Ahuri en coq onctueux
Divaguer et oindre
À la crème, au son crécelle
Se laisser consumer.

Et puis sentir nos corps
Qui se tendent
Se détendent
Dans un même élan d'appétit
Exulter.

F. (Le vertige des mots 22/54)







18 janvier 2021

Les Maux entremêlés (2)

Tes mots sont des silences
À la surface des choses
La terre comme une rose
Ploie sous des gouttelettes.

Tes mots sont des caresses
À la surface d'une peau
Le cœur comme un moineau
S'élance et volette.

Tes mots sont des baisers
À la surface des lèvres
L'air comme un rêve
Vibre aux sons des clochettes.

F. (Le vertige des Mots 20/54)

Les Maux Entremêlés

Il y a les mots qui touchent
Et les mots qui font mouche
Les mots du sourire
Il y a les mots qui lâchent
Et les mots qui font tache
Les mots du soupir.

Il y a les mots gravés dans l'Histoire
Et les mots sans gloire
Les mots d'après
Il y a les mots du cœur
Et les mots dans les pleurs
Les mots du regret.

Il y a les mots du silence
Et les mots de l'absence
Les mots de grâce
Il y a les mots qui abiment
Et les mots des cimes
Les mots qui s'effacent.

F. (Le vertige des mots 19/54)

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