Affichage des articles dont le libellé est L'ÉTENDUE DE L'ÊTRE. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est L'ÉTENDUE DE L'ÊTRE. Afficher tous les articles

06 août 2020

La voix du trône.

Je les aimais tous l'un l'autre
Sans distinction comme ils étaient
Je leur avais tout donné
Ils n'avaient plus qu'à vivre leur présent
Tels qu'ils le souhaitaient.

Mais qu'ont-ils fait ?
Ils ont tué en mon nom.

Je les aimais tous l'un l'autre
Ils étaient tous mes enfants
Ils n'avaient plus qu'à s'aimer
S'aimer eux-même
S'aimer l'un l'autre

Mais qu'ont-ils fait ?
Ils se sont fait la guerre en mon nom.

Je leur avais confié la terre en partage :
Prenez en soin
La nature est une, indivisible
Soyez bons avec tous
Comme étant membre de votre corps.

Et qu'ont-ils fait ?

F.

05 août 2020

La voix au chapitre.

Il faut que je vous prouve
Que je vis encore et encore
Il faut que je me batte face à vous
Pour que vous deviniez qui je suis ?

Combien de temps
M'aurez-vous près de vous ?
Et quel sera le prix de la liberté
Trente écus ?

C'est assez, vous jugez
Vous condamnez
Vous répétez indéfiniment vos actes
Aveugles que vous étes !

Ne soyez pas surpris
Lorsque vous me verrez disparaître
Je reviendrais
Et vous serez cueillis comme des roses !

F.

Ecce homo.

Nous pensons que la vie est un grand cirque
Mangeons, buvons car demain nous mourrons
Mais nous nous trompons

Nous oublions que la vie s'écoule
Et qu'un jour viendra le jugement
De toutes choses

Nous pensons pouvoir feindre l'ignorance
Et avoir droit à une seconde chance
Mais nous nous trompons

Nous oublions que nous serons jugés
Non pas par un juge
Mais par nos propres paroles

Nous pensons que nous serons épargnés
Car nous aurons pris soin de ceux que nous aimons
Mais il nous l'a dit : Aimez vos ennemis !

Nous oublions que lorsque nous nous croirons
En paix et en sureté
Une grande ruine s'abattra sur nous.

F.

Ellipse.

Lorsque tu sauras aimer la vie telle qu'elle se présente
Dans ses coups durs comme dans ses joies
Lorsque tu sauras en apprecier chaque instant
Sans une pensée avide ni questionnement vain

Lorsque tu sauras vivre simplement
Avec pour seule ambition, la quête de ton chemin
Lorsque tu sauras que seule la richesse du cœur est inépuisable
Et que tu te sentiras riche quoique démuni

Lorsque tu sauras choisir de ne rien désirer (au delà du nécessaire)
Un toit, de la nourriture et le vêtement
Lorsque tu sauras reconnaître que tu n'as rien apporté à ce monde
Et que tu n'en emporteras rien

Alors seulement, tu le rencontreras.

F.

04 août 2020

Sous le soleil.

On aperçoit une masse en mouvement
Un métal qui scintille d'un éclat
Et l'on entend le schlack d'un outil
Qui éventre la terre

Sa naissance déchira sa mère
Effraya son père

On distingue un corps qui se penche
Et de grosses mains qui arrachent les mauvaises herbes
L'homme ne ménage pas sa peine
Il sait que la vie est faite de sang et d'eau

Il n'était pas le bienvenue entre eux
Il était devenu la source de leur tourment

L'homme baisse la tête sur la terre
On dirait qu'il lâche quelques mots
Ses mains se joignent
Et il fait ce que personne ne lui a jamais appris

La nuit sa mère devenait hystérique
Son père battait sa mère

L'homme à genoux creuse des trous
Il attrape les jeunes plants un à un
De ses grosses mains de géant
Et il les blottit dans le sol

Seul dans son lit
Il avait grandi en pleurant

L'homme arrose ses plantations
Souriant, il sait qu'il veillera sur elles
Jusqu'à ce qu'elles lui donnent du fruit
Les fruits du renouveau et de l'espérance.

F.

Itinérance.

D'où venons-nous depuis ce présent ?
Qu'avons-nous traversés pour être là ?
Des deserts, des oasis, des fleuves ?

Que transportons-nous du passé ?
Qu'avons-nous abandonnés à la vie ?
Des étreintes, des silences, des furies ?

Que sommes-nous derrière nos mots ?
Quelle est notre part de vérité ?
D'arrogance, de sincérité, de folie ?

À quoi jouons-nous ?
Combien avons-nous de masque ?
En trompe l'œil, en illusion, en forfaiture ?

Où allons-nous désormais ?
Vers quel but tendons-nous nos âmes ?
Une félicité, une paix, une férocité ?

Quoiqu'il en soit
De nous, il ne restera
Que l'amour.

F.

Jugement.

Il est debout devant son juge
Debout et toujours fier, arrogant
Impossible de se taire
Il faut qu'il parlemente

Il n'a rien à dire pour sa défense
Il a agi comme ils ont tous fait
Puisqu'il ne pouvait pas les prévenir
Il s'est vautré avec eux

Il est descendu comme un astre
Chutant du ciel sur la terre
S'ils oubliaient leur créateur
Il ne serait pas le premier

Il n'a rien à dire pour sa défense
Il plaide coupable
Le bien et le mal ne sont-ils pas nécéssaires
À la bonne marche de l'univers ?

Job n'a-t-il pas retrouvé au centuple
Ce qu'un Lion lui avait dévoré ?
À cet instant, sa langue lui brûle
Il n'est plus qu'un brasier

Ces actes sont passés au crible
Au feu purificateur
Son Juge fait un geste terrible
Et amende de soufre ce qui reste.

F.

03 août 2020

Mater dolorosa

Que la terre l'éprouve
Qu'elle lui offre sa rudesse
Qu'elle assèche son sein

Que la terre l'érode
Qu'elle l'use jusqu'à la corne
Qu'elle avale son corps

Que la terre le réduise
Jusqu'à la moelle
Qu'elle s'abreuve de son sang

Que la terre l'enterre
De l'alpha à l'oméga
Sans plus de répit.

F.

Poussière.

Être ce que vous ne pouvez garder
Une miette sous vos tables
Être ce que vous ne voulez regardez
Un haillon, un misérable

Être ce que vous négligez
Un grain de votre peau
Être ce que vous abandonnez
Une source d'eau

Être ce qui vous atteint
Cette blessure au cœur
Être cette lumière qui s'éteint
Et emporte avec elle, la douleur.

F.

L'homme sans nom.

Il nous avait prévenu :
Comme je partirai, je reviendrai
Oui, je reviendrai
Lorsque vous aurez oublié mon nom !

Fiers, nous avions dit :
Non ! S'il faut nous nous battrons
Jusqu'aux derniers
Tu ne nous quitteras point !

Arrière de moi, faux-frères !
Et ses mots nous avaient brisés
Comme du verre
Nous clouant avec les vauriens !

F.

La voix de l'ange.

Écoute-moi
J'ai entendu tes cris
J'ai vu tes pleurs
Non, je ne t'ai pas abandonné !

Je suis là dans chacune de tes douleurs
Je suis là dans chacune de tes larmes
Mon cœur saigne au même sang
Oui, pleure soulage ton cœur !

Accepte qui tu es
Sache que je serai avec toi chaque jour
Ne recule pas devant la vie
Seul l'amour guérit !

F.

Le Jardin.

Le jardin est là
Et son cerisier blanc
Avec son petit air de fête
Et ses branches qui penchent
Qui s'agitent dans le vent.

Et toi ?

Le jardin est là
Et sa rivière chuchotante
Avec son petit air de fête
Et son flot qui s'entête
Qui s'agite dans son lit

Et toi, qu'as-tu fait ?

Le jardin est là
Et sa balancelle qui danse
Avec son petit air de fête
Et son équilibre instable
Qui t'émeut doucement

Et toi, qu'as tu fait de ce temps d'insouciance ?

F.

Mario des étoiles.

Personne n'a jamais su les raisons
Qui m'ont emmené dans la rue
Certain baissent la tête
De peur de contracter une maladie

D'autres plus encore
N'hésitent pas à m'insulter
Pauvre SDF. !
Mais je n'ai que faire de leur pitié

J'ai loué domicile sur le parvis de l'église
Et chaque nuit lorsqu'ils referment les portes
Dehors, je m'étends tout contre
Seul dans mon sommeil, je rêve aux étoiles

Ce matin la ville s'esclaffe
Sur le parvis, il y a des bougies
Sur le parvis, il y a des fleurs
Il y a des centaines de mots

Ce matin, la ville se réveille
Avec un grand vide dans le cœur
Mais où est Mario ?
Il a rejoint les étoiles !

F.

Atlas.

Il y a bien quelques pages
Qui amusent la galerie
Un siècle d'otage

Quelques vers, quelques rimes
Saccagés en moquerie
Un siècle en sourdine

Ça débute tout d'un coup
Une rafale de mitraille
Des siècles debout

Ses pieds trébuchent
Et la voûte défaille
Ô le siècle d'embûches !

F.

En aparté.

Mieux vaut ignorer
Faire comme si
Rien n'était véridique
Encore des paroles en l'air

Nier les évidences
Encore des mots sans issue
Rien qu'un mythe désuet
Une bande d'arrêt d'urgence

Le peuple ne pourra rien nous reprocher
Sûr, nous ne serons pas coupables
Nous serons jugés victimes des circonstances
Ayons confiances en nos certitudes.

F.

La somme de nos bonheurs

Nos vies en pot, en impôt, en dépôt
Nos comptes en euro, en agneau
Nos états en filet, en cornet, en giga
Nos trésors en carat, en extra

Nos vies en gramme, en litre, en lard
Nos richesses en titre en dollar
Nos sentiments en glaçon, en soupçon, en verre
Nos biens en loyer, en bâti, en terre

Nos vies en palette, en canette, en jetable
L'espoir en recyclable, en équitable
Nos amours en pack, en surgelé
Un bonheur prêt à consommer ?

F.

Souvenir.

Faire tinter la cloche
Qui garde l'entrée
En tirant sur la chaine
Se souvenir de sa voix

Franchir le portillon de bois
Qui s'ouvre
En miaulant sur ses gonds
Se souvenir de son sourire

Traverser le jardin
Comme un témoin silencieux
De sa présence invisibles
Se souvenir de sa passion

Faire crisser l'allée de gravillon
En suivant son ombre
Qui file à pas de félin
Se souvenir de ses silences

Entrer dans la maison
Et subir le choc
Partout des pièces vides
Se souvenir de son dénuement

Ressortir de la maison
Et subir un second choc
Il est là partout, où les yeux se posent
Se souvenir de son amour.

F.

Une fleur.

Il était une fois une fleur
Éclose en une nuit
Qui s'est épanouie dans ton jardin
Parce qu'elle s'y trouvait bien

Depuis chaque matin, tu l'admires
Ton cœur est touché par sa beauté
Tant et si bien que tu la desires
Rien que pour toi

Alors un jour, tu es venue
Pour l'arracher de terre
Et l'enfermer dans ta maison
Rien que pour toi

Elle est devenue ta fleur
Une fleur transplantée dans un pot
Disposée près de ton lit
Rien que pour toi

Mais dès le premier matin
Tu l'as vu dépérir
Ton cœur blessé s'est ouvert
Et tu as entendu :

Si tu voulais m'aimer
Il fallait me laisser dans ton jardin
Car je ne suis belle que libre
Dans la nature auprès des autres fleurs.

F.

01 août 2020

Théo.

Théo grandit comme un arbre
Il étend ses bras et ses jambes
Au soleil

Théo rayonne comme une fleur
Il offre son parfum au vent
Et à tous son sourire

Théo est comme un ange
Il croit tout, espère tout
Et jamais, il ne soupçonne le mal

La vie de Théo est un jeu
Une grande récré
Théo, où te caches-tu ?

F.

Jusqu'au ciel ?

On peut bosser comme un âne
Suer, donner tout ce qu'on a
Amasser de l'argent jusqu'au ciel
Et même possèder la terre entière

Un jour on se lève et tout s'écroule
On croyait avoir du temps
Ne rien avoir à craindre
Mais non, la maladie est bien là

Alors tout nous semblent vains
On ne peut pas changer de vie
Et maintenant qu'elle s'effrite
On prend conscience de sa valeur.

F.

Les plus lu...