18 mars 2021

LES MOTS DE L'ANGE


Écoute-moi
J'ai entendu tes cris
J'ai vu tes pleurs
Non, je ne t'ai pas abandonné !

Je suis là dans chacune de tes douleurs
Je suis là dans chacune de tes larmes
Mon cœur saigne au même sang
Oui, pleure soulage ton cœur !

Accepte qui tu es
Sache que je serai avec toi chaque jour
Ne recule pas devant la vie
Seul l'amour guérit !

Ke. (Pensées sans importance 3/13)

DE TOUTES PARTS

Il ne sera pas ton canot
Non, il faudra nager seule
Ton passé ne regardera que toi
Il ne sera pas ta bouée
Tandis que tu prendras l'eau
De toutes parts.

Il ne sera pas non plus ton remontant
Non, il faudra lutter seule
Ton fardeau, tu devras le porter toi-même
Il ne sera pas ton tuteur
Tes actes, il faudra les assumer
De toutes parts.

Mais il sera celui que tu n'attendais plus
Oui, celui qui bousculera tes certitudes
Ton ciel scintillera
Il sera celui qui t'offrira des ailes
Des ailes d'évasion, de liberté
De toutes parts.

Ke. (Pensées sans importance 2/13) 

RECONNAISSANCE

Parfois, quelqu'un vous traverse, vous marque. Et vous ne savez pas pourquoi.
Il prend une place en vous, se loge en douceur, sans que vous y preniez garde.
Et puis, vous sentez quelque chose, là qui vous pince, qui vous mord, lorsque vous songez à lui.
Une chaleur indéfinissable. Le temps est suspendu et vous n'étes plus présent au monde.
Vous étes comme absorbés par cet autre dont vous ne connaissez rien.
Et malgré tout, vous sentez une accalmie au fond  de vos tempêtes intérieures. Une sorte de paix, de reconnaissance* bienheureuse.
Au sortir de votre petit nuage, vous étes certains que des petits liens invisibles vous relient et vous font du bien.
Quelle étrange et agréable sensation dans ce monde en furie...!

Ke. (Pensées sans Importance 1/13)

17 février 2021

L'Ensorceleuse

C'est une offrande
À l'azur éternel
Posée sur l'autel
De crêtes gourmandes.

C'est une promesse
Du fond des âges
Le flot sauvage
D'un feu d'ivresse.

C'est une fêlure
Aux rives-cendres
Le joyau tendre
D'une île clandestine.

Ke. (Le vertige des mots 26/54)

16 février 2021

SAN-FRANCISCO

Ils roulaient vers 'cisco
Ils lâchaient les chevaux
Libres, ils brûlaient comme chandelles.

Chérissant l'instant de vie
Sur la route de leurs envies
Soudain trois mots : Tu es belle !

Elle fond. Sa main glisse sur sa cuisse
Et son sourire s'esquisse
La décapotable se contente de descendre.

Hé trésor, regarde devant toi !
Non, arrêtons nous plutôt là
San-Francisco peut bien attendre !

F. (Le vertige des mots 14/54)

15 février 2021

Hikikomori (2)

Instant III.
Papiers, brindilles dans l'âtre s'ordonnaient.
Une, deux, troix allumettes s'enflammaient.
La fumée dans la cheminée s'élevait.
Les bûches dans le foyer pétillaient.
Les flammes rougeoyantes dansaient.
La chaleur se propageait.
Le chaton près du feu se réchauffait.

Instant IV.
La table ensevelie d'écrits ployait.
Le temps sous la plume se suspendait.
Les signes sur la page s'harmonisaient.
Sur un fil les feuillets sèchaient.
Les bouteilles à parchemin patientaient.
Hors du tumulte, la paix règnait.
Le chaton sur les genoux ronronnait.

F. ( Le vertige des mots 52/54)

01 février 2021

Le poète à sa page

Trempe ses doigts dans sa plaie
Tremble devant l'immensité qu'il perçoit
Trace des signes en forme d'arabesque
Terrasse ses démons.

Tangue de-ci delà sur sa chaise d'étoffe
Tire quelques plans sur la comète
Trébuche sur un mot
S'accroche à son étoile.

Des mots qui viennent le mordre
Mordre ses chairs, mordre son cœur
Des mots obsessionnels
Jusqu'au mot de trop, le mot de la fin.

F. ( Le vertige des mots 50/54)

La poudre d'escampette

Fuyez donc cet homme !
Pendant qu'ils amassent des sommes
Lui a vendu son âme aux mots.

À ce venin qui empoisonne
À ce destin qui emprisonne
Il est atteint par tout les maux.

Est-il condamné à descendre
À ne vivre que des cendres
Qu'il sème sur son passage ?

Évaporant ce qu'il enflamme
Transcendant corps-cœur-âme
Au large, il délivre son message.

F. (Le vertige des mots 48/54)

Au poète de marbre

À deux pas de la gare au jardin de la ville
Près d'une mare, à l'orée de grands arbres
Trône un poète sur sa chaise de marbre
Guettant les passants de son œil subtil.

La poésie est un écrou qui scellera tes pas
Un trophée de houx plus que de laurier
Jamais elle ne te laissera en paix
Chaque jour sera un nouveau combat.

Aime simplement ces voyelles, ces consonnes
Car lorsque tu auras quitté cette terre
Et que tu ne seras plus qu'un mystère
Ce sont ces fers qui seront ta couronne.

F. ( Le vertige des mots 47/54)

31 janvier 2021

Amour à Mort

Son ciel dévorant - Nerf de bœuf
Sur l'onde - Cartouche, obus, mort aux rats
Glisse - Moule à gaufre, louche
Autant de braise - Chandelier, mortaise.

Son chandail - Cyanure, pistolet à grenaille
Entrouvert - Cendrier, corde, crémaillère
Laisse dépasser un sein - couteau à pain
Elle treize - vieux bout de bois, clefs anglaises.

Eldorado d'or - Acier à canon
Son cher trésor - Fil à beurre, pelle à tarte
L'inonde de fleurs - Sabre, baïonnette
Nue, elle s'innocente - Père Lachaise.

F. (Le vertige des mots 45/54)

Les Forges

Brûle son corps tonne le ciel...
Tressautent les gorges bourdonne le miel...

Ondoient les courroies ondulent les croix
Foudroient les forges rougeoient les gorges
Tournoient les doigts poudroient les poids
Clic-tic ! Clic-tac !

Tressaute son corps fredonne le ciel...
Tonnent les gorges brûle le miel...

Turbinent les enzimes triment les divines
Hurlent les merlus merlent les berlus
Friment les dodues griment les poilus
Clic-tic ! Clic-tac !

Tonne son corps brûle le ciel...
Glissent les gorges tressaute le miel...

Serinent les mâtines martèlent les serins
Bourgeonnent les narines bougonnent les marins
Valsent les babines salvent les salives
Clic-tic ! Clic-tac !

F. ( Le vertige des mots 43/54)

Les Voyages

Avec toi ou sans toit glisse le cœur d'Alice
Sa bouche bande des ballons bleus à Vienne
Crache des carats, mortes bises à Ankara
S'accroche à tondre, se concorde à Londres
Se pique d'une corde à Islamabad
Se dévisse de coke à Stockholm
Vend du vent, vit ou cent pas à Erevan
Se forge sans doser, se dédit à san-José
S'étend, s'endive braisée à Etretat
S'envenime de jalousie, dérive à Nicosie
Se gorge d'orge, se grignote à Tirana
Se déhanche, s'hameçonne, home sweet Rome
S'électrise de gènes, de scènes à Athènes
Plie en haut, ôte le bas à New-Delhi
Se kamikaze tout de go à Santiago
Roule et jazze à Istambul
Tripote son tique, chipote son toc à Tripoli
Avec toi ou sans toit, Alice glisse dans l'alcool.

F. ( Le vertige des mots 42/54)

Hikikomori

Instant I.
Le ciel par des nuages nourds tressaillait.
La température lentement chutait.
La nuit, des orages éclataient.
La pluie sur les toits crépitait.
Le futon dans un coin se déroulait.
La couette l'emmitouflait.
Le chaton à son corps se lovait.

Instant II.
La brume de la terre s'évaporait.
De fines gouttes au bout des feuilles perlaient.
La maison dans les bois naufrageait.
La rivière entre les rochers cascadait.
Les lumières de la nuit une à une s'éteignait.
Deux oiseaux sur une branche s'ébattaient.
Par un carreau brisé le chaton s'aventurait.

F. (Le vertige des mots 51/54)

Sans Foi

Que tout le monde m'abandonne
Que je ne sois plus personne
Et qu'on médise de moi
Qu'on oublie jusqu'à mon nom
Que je n'aie plus que des "non"
Et la sécheresse de cœur froid.

Cent fois
C'est à toi
Que je reviendrais...

Que je baisse dans les sondages
Que je coule dans les suffrages
Et que mes choix soient contre moi
Que mon nom soit honni
Que ma côte soit bannie
Et que mon passé soit une croix.

Cent fois
C'est à toi
Que je reviendrais...

Que mes chairs se ramollisent
Que je sois bon pour l'hospice
Et que vienne l'heure de mon trépas
Que mes passions m'emprisonnent
Que mes larmes m'empoisonnent
Et que le ciel descende sur moi.

Une dernière fois
C'est à toi
Que je reviendrais
Toi qui garde ma liberté.

F. 

Requiem

Quand l'encre de ma plume sera sèche
Et mon cœur vide
Quand ma flamme ne sera plus que mèche
Et mes mots arides.

Quand mon présent se conjuguera au passé
Sans plus d'heure
Sauras-tu encore me caresser
De tes yeux rieurs ?

Quand j'aurais oublié jusqu'à mon nom
Sans plus aucun souvenir
Sauras-tu encore donner à mon front
Un doux baiser d'avenir ?

F. (Le vertige des mots 53/54).

Éloge

(Ah cher poète
Après ta mort
Nous t'aimerons
Et nous ferons ton éloge !)

Tu étais digne des plus grands
Parti trop tôt
Tu éclairais notre présent
Avec tes mots.

Ah ! Que ferons-nous ?
Tu manques à nos lèvres
Comme le chou
Manque à la chèvre !

Non, bien sûr, tu n'es pas mort
C'est ton chant qui danse
Et agite les corps
Des écoliers de France !

F.  ( le vertige des mots 54/54).

Les Caprices

Il est son pouet-pouet
Son heure de fête
Son french cancan
Son over dose
Son alcool de rose.

Trois petits coups et puis s'en va !

Il est son jouet d'Oz
Son quart d'heure de pause
Son french cancan
Son antidote
Son rail de coke.

Trois petits tours et puis s'en va !

F. (Le vertige des mots 44/54)

Horodata point

L'heure du premier souffle
L'heure du premier repas
L'heure du premier mot
L'heure du premier pas
L'heure du premier baiser
L'heure du premier amour
L'heure du dernier baiser
L'heure du dernier pas
L'heure du dernier mot
L'heure du dernier repas
L'heure du dernier souffle.

F. (Le vertige des mots 46/54)

30 janvier 2021

Les Errements

Un trait
Des points, des traits
Un carré
Des arcs, des ogives qui enjambent
Du bleu, des verts ondoyants
Des lignes croisées, parallèles;

Une tache
Des taches de couleur
En aval
Une ombre qui glisse
Par-dessous des dessus
Un éclat;

Une forme accroupie
Un silence qui se replit
Un courant
Des courants qui s'évident
Un battement vient effacer l'instant
D'un trait.

F. (Le vertige des mots 41/54)

Le Cœur

Le cœur d'Alice s'étiole
Faramineux et éléphantesque
Goûte aux pharaoniques éclipses
Par mal outre-cuisse;

L'hurlu-berlu désarticule son isthme
Jonquille plus noir que bille
Éclabousse l'aube des neigeux papillons
L'océan;

Échevelée
D'éternelles cimes
Croule sous l'avalanche
L'ogre;

Fond et s'unie
À l'ombre des effondrements
Tentaculesques
La gargouille;

Enfin c'est lui
Qui par un jet méticuleux
Met fin aux représailles
La débandade !

F. (Le vertige des mots 39/54)

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