30 janvier 2021

Les Fugues

En attendant que le ciel croule
Abordage d'héliotrope, mirage d'élection
L'araignée tisse sa toile
Deux l'un à l'autre et tutti quanti
La comédie délivre;

Dans l'eau du lac se mirent les hymnes
Des monts aux nuageuses clartés
Parmi les rochers, les poissons moqueurs
Hullulent sans imparfait;

C'est nue qu'elle nage aux sillages indolores
Là-bas le monde peut bien crever
Au-delà de l'instant, il n'y a ni saint ni sauf
La perfection d'un sein;

Son corps se raidit, la voile se tend
Tout est dans sa main, l'étoile se penche
La sauterelle d'argent vol-plane
Le petit lapin s'étonne
Et l'araignée attaque son festin !

F. (Le vertige des mots 40/54)

Les Fibres

Lorsqu'assise, elle reste sage
Au bord de ses hécatombes
Elle brûle les revers de son chandail
En tube cathodique et sans calcul
Au loin file des orient-express
Chevaleresques et pompeux;

Pipote les cathédrale à arc-broutant
Double-six, trèfle à beurre
Mais disant, corps disant
L'ouragan n'en finit pas de mordre
De crachoter ses chairs
Ses sangs caramélisés;

Suspendu aux timbres, aux fibres d'Alice
Vainqueur par tohu-bohu
D'alluvion et ritournelle
Cependant
Que le ciel impassible
Vomit jaune !

F. (Le vertige des mots 38/54)

28 janvier 2021

La Cité historique

Dans la cité papale à la pleine démesure
Sous ses frontons fossiles des statues, des dragons
Avachis telles les malles des touristes à wagon
Traversent la ville que des hauts murs ceinturent.

Une croix au piètre laquais que quatre anges veillent
Des lions d'ors, des cierges, des raisins d'abondance
Trônent sur le palais qui régnait sur la France
Et au-dessus une vierge qui se dore au soleil.

Sur son pont célèbre, on entonne un chant
C'est Golgotha, c'est Rome descendu en Province
Entre la sainteté du zèbre et la comédie du Prince.

La foi s'achète en somme, en euros trébuchants
Et parmi ce chaos de pantins, d'acrobates
Sur le pavé, un haillon traîne la patte.

F. (Le vertige des mots 33/54)

27 janvier 2021

Flambeaux

Qui sommes nous ?
Des flammèches, des anges
Issus d'un monde étrange
Nous brûlons par nos mystères.

Où allons nous ?
Notre horizon est fait d'errement
Chacun de nos pas apporte
Ses joies et ses effondrements.

Malgré tout
Gardons vivante la flamme
L'espoir d'un nouveau départ
Au fond de nos cœurs assoupis.

F. ( Le vertige des mots 35/54)

Remember

Nos souvenirs deviennent
Ce que  nous en retenons
Des regrets qui surviennent
Ou des bontés sans nom.

Nos souvenirs sont des flammes
Qui réchauffent nos cœurs
Ou sont pour nos âmes
Des fêlures qui pleurent.

Chaque jour de nouveaux souvenirs
Viennent se graver
Qui nous feront sourire
Ou bien saigner.

F. ( Le vertige des mots 34/54)

26 janvier 2021

Ivresse

Du siècle dernier, les miroirs de l'estaminet
Ont des reflets d'or où nos silhouettes se voilent
À la barre du zinc, le patron un jeune minet
Nous sert et l'on trinque à la santé des étoiles.

Il porte le sourire des braves hommes
Qui s'engraissent sur nos soifs
Tandis qu'il empile de belle somme
Gaiement nos auréoles se décoiffent.

Lorsque frileuse la nuit se rallume
D'écopés cul-sec au comptoir
C'est à grand coup d'écume
Qu'il nous envoie tituber sur le trottoir.

F. (Le vertige des mots 32/54)

Addiction

Le poète derrière sa page
L'a troublé un soir d'orage...
Et depuis, elle dévore ses livres.
Ses doigts tremblent à ses lignes
Ses yeux s'illuminent à ses signes
Sans lui, elle ne veut plus vivre.

Le poète derrière sa page
L'a mordu par ses ouvrages...
Et depuis, elle ne tourne plus rond.
Sa bouche ordonne "Mords"
Son ventre exulte " Encore"
Sans lui, elle fond.

Le poète derrière sa page
L'a retenu en otage...
Et depuis, elle reste dans sa chambre.
Elle dépense son temps à lire
Elle perd la raison, elle chavire
À éteindre le feu qui couve sous la cendre.

F. (Le vertige des mots 31/54)

25 janvier 2021

Les poètes de quat'sous

Derrière vos mots, poètes
Il y a des prairies, des vallons
Où dansent de légers papillons
Des éclats aux reflets de fêtes.

Donnez-nous encore vos voix
Fredonnez votre douce musique
Offrez-nous vos mots magiques
Qui éveillent en nous la joie.

Laissez vos mains dans les nôtres
Et vos rêves qui nous emportent
Ouvrez-nous les blanches portes
D'un monde de paix sans apôtre.

F. (Le vertige des mots 29/54)

21 janvier 2021

La Naufragée

Quel temps de peine !
D'espoir et d'amertume
Confondue dans l'écume
L'océan l'entraîne.

Quelle heure impossible !
Où sa coque de verre
Par une vague terrible
Pleure et se désespère.

Quel instant insondable !
Où sur le récif
Saigne le frêle esquif
Échouée sur le sable.

Quel doux présage !
Lorsqu'une main
Découvre sur le rivage
Cette bouteille au parchemin.

F. (Le vertige des mots 28/54)

Légende

Homme à l'horizon poussin
Traîne à lui sa barque
Libéré de sa marque.

De sa tante au cousin
De son père à la messe
L'œuf s'est brisé comme liesse.

Fils de l'homme marche en roi
Ô la divine recette
Miracle de l'omelette.

Voici le choix, voilà la croix
La terre est ta promise
L'aube blanchira ta chemise.

F.  (Le vertige des mots 27/54)

L'insoumise

Oublierai-je jamais - Ne serait-ce qu'
Un jour, tes cheveux voilant ton visage ?
Entre chien et loup - Nos
Silences parlaient pour nous !
Ta pudeur t'enveloppait d'
Un désir secret.

Oublierai-je jamais - Ne serait- ce qu'
Une nuit, tes yeux fixés sur moi ?
Entre toi et moi - Nos
Silences étaient de longs émois !
Ta nudité t'habillait d'
Une passion muette.

Oublierai-je jamais - Ne serait ce qu'
Une heure, tes lèvres entrouvertes ?
Entre nous - Nos
Silences étaient des aveux. J'entends encore
Ton souffle me reclamait :
Une photo ! Prends moi en photo !

F. ( Le vertige des mots 24/54)

20 janvier 2021

La joie du silence

Nous  en avons plein les armoires
Plein les caves et les toits
De nos désirs de conquête
Nous en avons des aspirations
Et des rêves plein la tête.

Et puis, un matin pareil aux autres
Nous découvrons ces mots
Ces mots inconnus
Et qui pourtant se mettent à battre
À battre dans notre cœur.

Alors, nous si brûlants de voyage
Assis derrière nos fenêtres
Qui nous protègent du monde
Nous faisons taire cette petite flamme
Et tout ce qu'elle anime.

Mais, ces mots qui sont venus s'échouer
Sur les rivages de nos cœurs
Et que nous avons repoussé au loin
Un jour, ces mots seront tout
Tout ce qui nous manquera.

F. 

Flammèche

Il y a des averses qui lavent
Et essorent nos cœurs
Des hivers qui savent
Assècher nos ardeurs.

Il y a des miroirs qui reflètent
Nos pâles corps sans attrait
Des masques sans tête
Qui exposent nos portraits.

Or nous découvrons cette flamme
Qui nous attend dans son nid
Derrière ces années de blâme
Prête à désordonner nos vies.

Ne la laissons pas s'éteindre.

F. ( Le vertige des mots 25/54)

L'échappée belle

Son corps est un rivage
Ballotté par les flots
Elle rêve d'équipage
D'embarquer sur un vaisseau.

Sa vie est un voyage
Emportée au galop
Elle rêve d'un village
De suivre les troupeaux.

Le ciel est un horizon
Là-haut, hors des âges
Elle rêve de sa maison
De planer parmi les nuages.

F. (Le vertige des mots 23/54)


Le temps cerise

Archer, rouler
Et voir nos creux qui s'éveillent
Descendre et doucement s'ouvrir
À la vague, au parfum cannelle
S'ourler, se laisser convertir.

Fondre, brûler
Ahuri en coq onctueux
Divaguer et oindre
À la crème, au son crécelle
Se laisser consumer.

Et puis sentir nos corps
Qui se tendent
Se détendent
Dans un même élan d'appétit
Exulter.

F. (Le vertige des mots 22/54)







18 janvier 2021

Les Maux entremêlés (2)

Tes mots sont des silences
À la surface des choses
La terre comme une rose
Ploie sous des gouttelettes.

Tes mots sont des caresses
À la surface d'une peau
Le cœur comme un moineau
S'élance et volette.

Tes mots sont des baisers
À la surface des lèvres
L'air comme un rêve
Vibre aux sons des clochettes.

F. (Le vertige des Mots 20/54)

Les Maux Entremêlés

Il y a les mots qui touchent
Et les mots qui font mouche
Les mots du sourire
Il y a les mots qui lâchent
Et les mots qui font tache
Les mots du soupir.

Il y a les mots gravés dans l'Histoire
Et les mots sans gloire
Les mots d'après
Il y a les mots du cœur
Et les mots dans les pleurs
Les mots du regret.

Il y a les mots du silence
Et les mots de l'absence
Les mots de grâce
Il y a les mots qui abiment
Et les mots des cimes
Les mots qui s'effacent.

F. (Le vertige des mots 19/54)

03 décembre 2020

PARIS

 I. PENTECÔTE.

À bord du fleuve
Circulent des péniches
Sous les arches du pont de Seine

Au loin, juillet triomphe sur sa colonne
Où jadis sa prison enchaina un roi
S'écoule l'eau verte, sombrent les lois

Pendant que la ville s'illumine
Un homme dort par terre
Et personne ne le voit

Ici, l'on peut vivre et mourir
Sous les feux de l'histoire
Ou dans l'ignorance d'un soir.

II. GARE.

La gare est une flamme
Chancelante
Son beffroi suspendu
Égrène les heures
Chante la douleur
Du temps perdu.

Par ici, le temps s'agite
Un peu trop loin, un peu trop vite
Étendus, on se butine
Délicieusement.

La gare est un fauve
Qui dévore ses voyageurs
Éperdus
Les tours de verre
Renvoient sur la terre
Leurs courses folles.

Par ici, le temps s'agite
Un peu plus loin, un peu plus vite
Et mon corps sur ton corps
Danse langoureusement.

La gare est une île
Désespérante
Elle vit au rythme de ses flots
Qui entrent, qui sortent
Au son strident qui l'exhorte
D'un rail à l'autre.

Par ici, le temps s'agite
Un peu plus loin, un peu plus vite
Et mon cœur contre ton cœur
Tambourine bienheureux.

III. CAPITALE.

Ici, les gens dorment debout
Ils marchent sans savoir où ils vont
Ils s'imaginent vivre
Mais ils crèvent de ne pas respirer.

Ici, les gens piétinent
Ils attendent un taxi, un métro
Ils s'imaginent être libres
Mais plus rien ne les transporte.

Aujourd'hui de capitale
Ils n 'ont que leur peine.

Ici les gens se font face
Ils se regardent, se parlent
Ils s'imaginent être unis
Mais ils ne s'écoutent pas.

Ici, les gens courent
Ils sont fatigués de courir
Ils s'imaginent pouvoir s'évader
Mais leur seul horizon le beton.

Aujourd'hui de capitale
Ils n'ont que leur peine.

IV. NOTRE DAME.

Au chevet du grand malade
Étendue
Au bord de Seine

La masse des infidèles se pressent
Pour photographier ton corps
Abimé

Tant de peine et d'ouvrage
Faits de main d'homme
Œuvre de Babel

Les hommes se ruent
Vers toi sans toit
Espérant l'éternel

Nous mettons tant de foi
Dans la pierre
Négligeant le cœur.

V. ECCLESIA.

À l'église Saint-Sulpice
Depuis l'incendie de sa grande sœur
C'est la folie les heures d'offices
Les hommes ont retrouvé leur cœur.

Sous l'œil amusé du prêtre
C'est la ruée des bénitiers
La foule des infidèles se prêtent
À toutes les religiosités.

Il sourit devant cette ferveur
Et voit ce nouveau jour venir
Comme son retour en bonne odeur
Et l'assurance de son avenir.

Maintenant, il prie et s'inquiete
Combien de temps pleuvront les dons ?
Ainsi psalmodiaient les prophètes :
À tout malheur est bon !

VI. MARCHÉ.

Au marché de la poésie
Les éditeurs font leur comédie
Mon chef-dœuvre, qui en veut ?
Je vous le fais à bas prix
Si vous m'en prenez deux
Je vous en offre un gratuit !

La poèsie serait-elle devenue
Pûr produit de consommation ?

Au marché de la poésie
Les éditeurs se mâtent, s'épient
Ou bien s'invitent à festoyer
Sur l'argent gagné par leur auteur
Discuter jusqu'à tard autour d'un foyer
Sur leur difficile condition de labeur.

La poésie serait-elle devenue
Pûr produit de spéculation ?

Et puis, au marché de la poésie
Il y a toi, pour qui je suis le plus grand !

VII. L'ATTENTE VERTICALE.

Cher éditeur
Si vous pouviez descendre de votre estrade
Voir le monde avec des yeux ouverts
Peut-être vous souviendrez-vous
De notre conversation ?

Vous étiez en représentation
J'étais à vos pieds
Comme une étoile tombée du ciel
Je vous proposais un échange :

Offrez une voix à mon âme !
Soyez celui qui délivre
Semez mes mots à tout va !
Dansons et soyons libres.

J'attends votre réponse.

VIII. LA POÉSIE DÉGAGÉE.

Tout ce que nous serons
Tout ce que nous avons été
Et plus encore
Bien au contraire
Quoique et vice et versa

Tout ce que nous ferons
Et tout ce que nous avons raté
Malgré tout
Subséquemment
Et suivant les variation saisonnières

Tout ce que nous dirons
Et tout ce que nous avons tu
En général et en particulier
In fine
Et tutti quanti.

IX. LE MÉPRIS.

Cher auteur,
Vous nous avez envoyé vos épreuves
Et nous vous en remercions
Avant tout, nous devons reconnaître que votre œuvre
Fait l'unanimité de notre comité.

Car votre écriture est si pauvre, si famélique
Vous lire, quel malaise
Vous manquez d'ampleur, de souffle épique
Vous rêvez de victor mais n'effleurez même pas Blaise.

Avec vos accords et vos rimes de foire
Vous ne vous élevez guère au-dessus du lot
Vous qui visez les étoiles et la gloire
Vous atteignez tout juste ke fond du caniveau.

Nous vous en conjurons à l'avenir
S'il vous plaît, Monsieur
Pourriez-vous réservez votre lyre
À votre entrée au royaume des cieux.

L'éditeur. B.D.

21 octobre 2020

LES QUATORZE CHANTS

À Sen.


1# J'APPRENDS

J'apprends à me taire
Nourri d'insouciance
Vibrant de confiance
À ton silence me satisfaire.

J'apprends la sagesse
L'esprit apaisé
Le cœur comblé
Ton silence est une caresse.

J'apprends à donner
Avec patience
De toute mon âme
En silence, j'apprends à t'aimer.

2# TU ES PARTOUT

Dans l'eau des fontaines
Dans l'écume des vague
C'est ton visage que je devine.

Sur les dunes de sables
Sur les champs de blé
C'est ton corps qui se dessine.

Dans les vents qui hurlent
Dans les nuages qui brûlent
C'est ta voix qui m'interpelle.

Dans les feux de cheminée
Dans les foudre du ciel
C'est ta chaleur qui m'ensorcelle.

3# TANT QUE

À la ville, au bord des routes
Dans les gares ou en avion
Sans l'ombre d'un doute
Nous nous...

À la campagne, sous un  chène
Dans un pré ou sous un pont
Sans complexe et sans gène
Nous nous...

Vous dites ceci, vous dites cela
Mais on se fout de vos raisons
Pourvu qu'on soit ensemble
Tant que nous nous...

4# MES MAINS

Mes mains sont pour ton corps
Ton corps est une île
Où elles aiment se perdre.

Mes mains sont pour ta peau
Jamais, elles ne se lassent
De la câliner.

Mes mains sont pour tes courbes
Où elles glissent en velours
Pour te faire rugir...

5# DEUX

Je serai ton Yang
Tu seras mon Yin
Nous descendrons le yang-Tsé-kiang !

Je serai ton King
Tu seras mon Queen
Nous flamberons au Casino d'Hong-Kong !

Je serai ton kick
Tu seras mon choc
Nous irons jusqu'à Pétaouchnock !

Je serai ton Holly
Tu seras mon Blood
Nous nous unierons à Hollywood !

6# MÊME SI

Même si un jour, tu en as marre
De mes errements hermétiques
De mes potions exotiques.

Même si un jour, tu te lasses
De mes sens dessus dessous
De mes baisers partout.

Même si un jour, tu ne veux plus
Me voir en peinture
Me toucher en sculpture.

Même si ce jour là, tu me quittes
Moi je continuerai
À t'aimer encore et encore...

7# VERTIGE

Le jour et la nuit
Dans un lit ou sous la pluie
J'inspire à ton corps des soupirs
Tu es ma lionne, ma loi
Jamais, je ne suis rassasié de toi
Tu remplis ma vie de désirs !

Tes continents qui dérivent
Et nos yeux qui se rivent
J'encourage tes allers, tes venues
Tes petits pieds dans mon jardin
Qui robinsonnent hors des chemins
Qu'il est bon de te sentir fiévreuse et nue !

Tes vergers et tes fruits rouges
Et tout ton corps qui bouge
Je bois à tes lèvres qui s'entrouvrent
Dans l'appétit du firmament
Et du bonheur qui nous attend
J'aime tout ce qu'en toi je découvre !

8# L'ÉVAPORATION

Quand ma belle s'évade
C'est au son de sa voix
Que mon cœur cavalcade
Dans l'espoir de ses bras.

Quand ma belle tangente
Je ne suis qu'un fantôme
Qui erre et se lamente
Sur son désir d'être son homme.

Quand ma belle s'évapore
C'est dans sa chemise de nuit
Que je rêve de son corps
Et d'en croquer les fruits.

9# C'EST DIMANCHE

Il pleut sur la ville, doucement
L'été n'est pas encore là, apparemment
C'est dimanche.
Un long dimanche européen sans attrait
Mon amour erre quelque part
Avec je ne sais qui, à faire je ne sais quoi.

Il pleut sur la ville tristement
Là-bas, montent la garde civile
Le printemps est une bombe
Les habitants se traînent aux urnes
Mon amour court les rues, les bras en l'air.
À manifester pour je ne sais qui, je ne sais quoi.

Il pleut sur la ville, évidemment
Personne ne sait à quoi s'attendre
À part des débats interminables
Les hommes pourront dormir tranquilles
Mon amour connait tous les sujets
Elle enseigne les langues.

10# ALLERS SANS RETOUR

Ensemble c'est Byzance !
C'est tes mains sous ma chemise
Un hamac qui nous balance
Au gré de la brise !

Ensemble c'est Venise !
C'est les cloches et les clochers
Tes baisers qui convoitisent
Le saint Graal, le divin rocher !

Ensemble c'est pise !
C'est nos allers sans detour
La mer qui lâche prise
Et ses vagues sans retour !

11# COMPLÉTUDE

Tu remplis ma vie
De joies, de douceurs
De chants d'hirondelle
Qui bousculent mon cœur.

Tu remplis ma vie
De mille soleils serpentins
De brûlures immortelles
Qui me font du bien.

Tu remplis ma vie
De chaleur, de tourments
Qui dévorent mon corps
Jusqu'au firmament.

12# AU JARDIN DES ROSES

Au jardin des roses 

Nous marchons sous l'orage

Si le ciel explose
C'est en souvenir de ton voyage
Sur moi.

Au jardin des roses
La plus belle fleur c'est toi
Tu ne sais qu'une seule chose
C'est la promesse de mes doigts
Sur toi.

Au jardin des roses
On est saoul
Ivre d'over-dose
De nos corps qui se joue
De nous.

13# NOTRE AMOUR

Nous n'avons pas su être sages
Même pas ouvert nos bagages
On a oublié nos promesses
On s'est donné mille caresses.

Dehors par la fenêtre
La ville grelottait
Sous un ciel grisâtre.

Nous avons cédé à notre désir
Nous noyant de plaisirs
S'offrant sans retenu
Libres et nus.

Dehors par la fenêtre
La ville clignotait
Triste à pleurer.

Paris n'était qu'une escale
Pour notre amour en cavale
La ville voulait nous reprendre
Mais elle pouvait bien attendre.

14# NOS TRANSPORTS

Par-delà les murs, des rails
Nos désirs de voyage
Sur nos voies éperdues
Vivement nous embrasent.

F. (2019)

14 octobre 2020

CRÉPUSCULE

 I.

En silence
Se laisser fondre
Aux ombres
Sans réflechir
Fléchir aux élans
Qui entraînent
Laisser le sang
Battre tes veines
Et puis, et puis
S'éblouir à ta lumière.

II.

Autour d'un feu
Faire résonner
Ta petite musique
Fredonner
La vie est belle
Retenir ce qui est bon
Et ne jamais s'enorgueillir
Il y a un temps pour tout
Et aussi
Un temps pour l'éternité.

III.

Se souvenir
De ceux qui sont partis
Marins, voyageurs des mers
Qui n'ont jamais pu retrouvé
La douce chaleur
De leur foyer
À la tombée du jour
Nous allumons des feux
Des signaux
De larges S.O.S.

IV.

Sous un ciel 
Voir nos feux
Devenir braises
Pleurer sur nos mains
Mordre nos chairs
Qui se déchirent
Assister impuissant
À la décomposition
De ton cœur
Qui sombre.

V.

Y a sûrement quelqu'un 
Quelque part qui sait
Les raisons qui t'ont mené 
À cette branche
On ne peut pas croire 
Que rien ni personne
N'aurait pu te retenir
À part cette branche
Maintenant on espère 
Que là où tu es
Tu te reposes sans regret
Loin de cette branche.

VI.

Tu as attendu de grandir
Tu as attendu ton tour
Dans une file interminable
Puis tu t'es jeté dans la mêlée
Pour gagner ta place
Au sommet
Alors tu as découvert le sang
Des compromis, des conquêtes
Égaré, seul
Tu as choisi d'arrêter de tricher.

VII.

Tout ce que tu possédais
Toutes tes richesses
Tout ce que tu amassais
Tu te croyais invulnérable
Tu avais la jeunesse pour toi
Tu n'écoutais que ton esprit
Qui te soufflait : Tu es bien plus !
Tu as voulu traverser le voile
Aujourd'hui tu gîs
Tu ne règnes plus.

VIII.

Sur les bords de mer
Marchent des mômes
Sous l'œil des mouettes
Et du ciel qui coulent

Les vagues s'agitent
Des petites mains
Malaxent du sable
Et s'érigent des châteaux

La terre tourne 
Ils sourient insouciants
Au temps qui les éclabousse
Mais toi, tu t'en balances.

IX.

Y a ceux qui meurent à la naissance
Et certains sont mort-nés
D'autres d'une saleté d'IVG.
Ceux-là ne verront jamais le jour.

Y a ceux qui meurent à trente ans
D'un cancer foudroyant
Ceux qui s'endorment dans leur lit
En franchissant le seuil tout sourire.

Et puis, il y a toi, à vingt trois ans
Un jour d'avril n'importe lequel
As trouvé sa vie trop cruelle
Et l'as pendu à un arbre.

X.

Sur des rochers
Sautent des hommes
À l'œil avide
Harnachés pour la guerre.

Du sommet des cannes
Fouettent l'air immobile
Des pêcheurs geignards
Claquent des dents.

La nature impatiente
Ferre ces imbéciles
De son air rigolard
Tu n'en reverras plus la queue d'un.

XI.

Dans ta chambre 
Il y a un lit tout seul
Et un chevet avec une lampe
Éteinte.

Il y a une penderie
Avec tes habits
Ils ne recouvriront plus
Aucun corps.

Il y a une table, une chaise
Inoccupées
Et une feuille blanche
Que tu ne noircira plus.

XII.

Déplaire à ceux
Qui t'aimait
Les maudire
Trahir leur confiance
Perdre leur bonnes grâces
Et puis, et puis
Plaire à ceux
Qui te méprisaient
Les aimer malgré eux
Malgré leurs anicroches.

XIII.

Tu voulais entrer dans la
Légende
Tu es mort seul dans la forêt
Incognito.

Tu visais toujours
Les étoiles
Tu n'as atteins qu'
Une branche.

Tu disais : "la vie n'est qu'
Une étincelle..."
Ton corps a disparu dans 
Les flammes.

XIV.

Tu as perdu ton arbre
Et tu as perdu ta mère
Tu as perdu tes racines
Et tu as perdu ton père.

Tu as perdu ton jardin
Et tu as perdu ton frère
Tu as perdu ta terre
Et tu as perdu ta famille.

Tu as perdu ta maison
Et tu as perdu tes amis
Tu as retrouvé ton arbre
Et tu as perdu ta vie.

F. (♡29/04/2020)

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